C’est quoi le marketing ?
Si tu veux en savoir plus sur le marketing, Séb CANU, auteur d’un bouquin sur le sujet est venu t’expliquer ce que veut dire Marketing et tous les noms fran-glais de ouf que tu entends tout le temps et qui t’horripilent
En Vrai : C’est quoi le design ?
Sébastien Canu : « C’est avant tout un langage. Moi, j’aime qualifier le design, le moment où l’esprit, c’est-à-dire l’âme, prend la main sur la matière. Typiquement aujourd’hui, qu’est-ce qui fait que le smartphone que tu tiens en main correspond à des règles d’usage, à une ergonomie ? C’est que, à un moment donné, il y a un type qui aura été capable de penser ton besoin et de mettre de l’intelligence là-dedans pour modeler la matière, c’est ça le design. Mais on va aussi retrouver cette même démarche de l’esprit qui prend la main sur la matière quand on va créer une marque. Si je vous dis : « Fermez les yeux », et je vous propose « voiture rouge qui va vite, très vite, très très vite ! ». Si vous êtes un garçon, en occident, vous voyez un cheval cabré. Je n’ai même pas eu besoin de citer la marque. »
En Vrai : C’est quoi le marketing ?
Sébastien Canu : « C’est simplement l’art du marché, comprendre le marché. Et pour comprendre le marché, c’est comment est-ce qu’on comprend ceux qui font le marché, les acheteurs, les consommateurs ? »
En Vrai : Et chez Périscope, comment vous fonctionnez ?
Sébastien Canu : « Chez Periscope, on aime parler de marketing du contexte, c’est-à-dire comprendre le contexte psychologique dans lequel le consommateur se tient, est-ce qu’il est de bonne humeur, mauvaise humeur ? Quelle est l’incidence de la météo sur ses comportements d’achat ? Et ça, c’est la DATA. Je sais concrètement quelles sont tes envies, quel est ton état psychologique, quelles sont tes attentes, quels sont tes budgets. Je peux mieux te servir par ce que je t’amènerai la bonne réponse au bon moment. Chez Periscope, nous maîtrisons la DATA depuis la création de l’agence en 1999, nous permet d’avoir une approche complètement objective des choses. Ce qui nous oblige aussi en contrepoint à une moralité et une rectitude absolue, par ce qu’à partir du moment où on maîtrise la DATA, on maîtrise des bouts de l’autre, et là ça questionne évidemment la morale. Mais on est très vigilant là-dessus. »
En Vrai : Aujourd’hui nos données sont partout ?
Sébastien Canu : « Alors, aujourd’hui, la DATA est omniprésente. La DATA, c’est une forme d’or noir. L’enjeu c’est pas la source de cette matière précieuse, c’est ce qu’on en fera. L’intelligence aujourd’hui elle n’est plus seulement dans la captation de la donnée, elle est dans la manière dont on va être capable de l’architecturer, dans faire ce qu’on appelle des coupes, où l’on va croiser des filons pour trouver l’angle d’attaque qui va nous amener une visibilité et une capacité à lire que les autres n’auront pas. »
En Vrai : T’as aussi fait un livre sur le design ?
Sébastien Canu : « Un Monsieur du métier, LE « grand Monsieur du métier » qui s’appelle Gérard Caron. C’est lui qui a inventé le design de marque. Avant lui, on faisait des logos, après lui, on faisait du design marketing. C’est Monsieur logo PSA, Monsieur logo Michelin, Monsieur logo Énergie, c’est la sommité du métier. J’ai rencontré moi Gérard dans le cadre d’un prix de design, et on est devenus amis, et on a décidé ensemble de croiser nos points de vue et Gérard m’a proposé de le faire ensemble. Ça été pour moi un honneur immense d’être choisi par ce monsieur pour co-écrire un livre avec lui qui s’appelle donc « Homo Designus ». Ce sont des réflexions croisées en fait, plutôt des clés de lecture sur ce monde, et comment est-ce que ce monde se transforme. Bah, il se transforme aussi par nos objets du quotidien, et bien comprendre nos objets du quotidien, comprendre les marques, c’est aussi mieux comprendre ce monde. »
En Vrai : T’as déjà réalisé un projet assez fou ?
Sébastien Canu : « Un de mes projets les plus fous, c’était pour Vilmorin & Cie du groupe Limagrain, dans le cadre de la création d’images corporate pour le rapport annuel. J’avais rassemblé et fait travailler un auteur qui nous avait écrit une pièce, et on avait fabriqué des décors, on avait fait venir une danseuse, on avait fait venir un comédien, on avait fait venir une plasticienne, tout ça pour fabriquer 10 photos. Et on a passé presque 6 jours, une semaine pleine, week-end inclus, pour fabriquer 10 images qui étaient 10 images complètement dingues, qu’aujourd’hui, on réaliserait en image de synthèse. Et c’était il y a 20 ans. »