[DIS MOI TOUT] ILS FONT DES CONFÉRENCES EN PRISON

« On a plus de débats quand on va faire des cours à Riom à la prison que quelques fois dans certains groupes de TD en L1 »

Jules Brunetti – Bonjour, je m’appelle Jules Brunetti. Je suis enseignant en droit public à l’Université Clermont Auvergne.

Maxence Auremboux – Bonjour, moi c’est Maxence Auremboux. Je suis étudiant en troisième année de droit privé à Clermont-Ferrand.

JB – On est sur En Vrai pour vous parler du projet et de la démarche d’Albin.

En Vrai – L’association Albin, c’est quoi ?

JB – L’association Albin s’est fondée autour d’une toute petite idée qui part d’un constat : on doit amener l’enseignement jusqu’au centre pénitentiaire pour simplement contribuer à notre niveau, à l’effort de réinsertion et à la lutte contre la récidive.

EV – Quel est son objectif ?

JB – Initialement, on était quelques uns à aller faire des cours très ponctuellement. On s’est dit qu’on pouvait proposer des choses peut-être plus ambitieuses. On l’a proposé au sein de l’école de Droit, qui ont plutôt pas mal répondu puisque à ce moment là, je crois que l’amphithéâtre était complètement plein. Du coup, on essaie de co-construire ensemble, étudiants et enseignants, mais en tout cas, le corps universitaire, des maquettes d’interventions qu’on propose ensuite à l’administration pénitentiaire.

EV – Comment ça a commencé ?

JB – Ça a commencé en prison, sans l’association, avec les étudiants au sein de notre université. Ça a commencé formellement en septembre dernier, auquel les étudiants ont massivement répondu et plus particulièrement à l’École de Droit. On essaye quand même d’ouvrir à beaucoup plus de disciplines et puis intégrer des matières qui ne sont pas immédiatement des matières type sciences politiques, type droit, mais beaucoup plus générales pour proposer des choses plus ambitieuses.

EV – Beaucoup de membres ?

JB – Je crois que nous devons être à 80 ou 85 membres. Pour venir nous aider, il n’y a pas besoin de payer sa cotisation. Venez d’abord avec votre bonne volonté. Ensuite, on trouvera quoi faire.

MA – Du moment qu’il y a de la motivation derrière et que la personne souhaite vraiment aider, nous on est ouvert à tout, toute participation.

JB – S’agrandir, oui, mais pas à n’importe quel prix et surtout pas au prix de l’affaissement de ce qu’on souhaite proposer. Toutes les bonnes idées dont on estime qu’elles peuvent se rattacher ou même agrandir le projet général sont bonnes à prendre. Je pense un plus particulièrement parce qu’il est porté par des étudiants de l’ITSRA, de lutter contre l’ennui carcéral sous l’axe de la peinture. Pour peu que les gens soient un peu intelligents et de bonne volonté, honnêtes sur leurs intentions de venir contribuer à leur échelle, à l’étude du phénomène carcéral, ça, on est tout à fait preneurs.

EV – Et sur le terrain ?

JB – Dans les prisons, il faut faire tomber un premier cliché, je pense déjà, tout se passe bien. On est toujours très bien accueillis par les agents, avec les détenus, je vous assure qu’il n’y a pas vraiment de souci. Mécaniquement, à chaque fois que vous parlez de prison, vous avez à peu près tous les clichés qui sortent et toutes les bêtises qui sont monstrueuses. « Ils ont la salle de sport gratuite, moi je la paye trop cher, la mienne » d’accord, mais je ne suis pas sûr que ce soit l’argument pour aller en détention ! En prison, le grand souci, ce n’est pas d’ouvrir le débat, c’est de le refermer à la fin. Ça, c’est un peu particulier, mais parce que vous avez un niveau scolaire qui est de pas de diplôme jusqu’à, en l’occurrence, des études de doctorat. Il y a une appétence réelle des prisonniers pour des matières de réflexion qui les font s’évader le temps d’une conférence intellectuelle. On a plus de débats quand on va faire des cours à Riom que quelquefois dans certains groupes de TD en L1 !

EV – L’intérêt pour les détenus ?

MA – L’intérêt pour eux, c’est déjà de se sentir moins seuls, du moins.

JB – Lutter contre l’enfermement mental du détenu dans sa condition de détenu. Et puis, ALBIN, c’est aussi la réinsertion. Ce n’est pas que préparer la personne, c’est aussi préparer le milieu dans lequel elle va se réinsérer, c’est-à-dire la société. La principale pierre qu’on apporte à l’édifice, c’est celle d’un contact humain, d’un échange dont on espère qu’il fasse comprendre aux détenus qu’il y a des gens qui pensent à eux.

EV – Comment rejoindre Albin ?

MA – Il y a nos pages de réseaux sociaux sur Instagram, Facebook, Twitter et LinkedIn maintenant. Vous pouvez contacter aussi sur l’adresse mail, association.albin@gmail.com. Vous nous envoyez vos motivations et après, on verra pour voir ensemble le projet que vous avez et mettre en place les choses.

JB – Envoyez nous un coucou et on va boire un café !

EV – Un last mot ?

JB – Nous, on est absolument sûrs que les besoins en fraternité et en solidarité sont là. Toutes les bonnes volontés, on l’a suffisamment dit, sont les bienvenues. On trouvera toujours le façon de se rendre soudainement utile.

Mano Rédacteur