Être écrivain selon Cécile Coulon
Présente-toi !
Cécile Coulon : « Bonjour je suis Cécile Coulon et je suis autrice depuis quelques années déjà et je viens vous parler de mon métier. »
En Vrai : C’est qui Cécile Coulon ?
Cécile Coulon : « Moi, ma vie c’est de raconter des histoires.
En fait je ne peux pas me présenter parce que moi, dans ma vie il ne se passe tellement rien que j’avance des choses dans mes bouquins pour avoir l’impression qu’il se passe quelque chose.
Si un jour quelqu’un fait ma biographie, il y a 2 pages, c’est une préface, c’est une cata !
C’est-à-dire que le truc c’est que quand on écrit des histoires qui sont de la fiction ou de l’imaginaire c’est aussi parce qu’il y a quelque chose soit qui nous échappe soit qui nous ennuie dans notre réalité. »
En Vrai : Tu as toujours voulu être autrice ?
Cécile Coulon : « Quand j’étais petite je savais que je voulais raconter des histoires mais je ne savais pas comment j’allais le faire.
Vers 9 ou 10 ans je lisais Stephen King à la lampe de poche sous ma couette et je me disais : « mais je veux faire pareil », donc ça c’était très clair pour moi.
Pendant très longtemps j’ai pensé que ce serait à travers le cinéma, j’ai fait des études pour ça et en fait en faisant ces études je me rendais compte que ce qui me plaisait le plus c’était de faire du scénario, donc c’était d’écrire l’histoire, et là je me suis dit : « mais en fait la manière la plus simple c’est juste de prendre son cahier (ouais l’époque c’était un cahier) et tu écris ton truc quoi », et c’est vers 15 ans je me suis dit : « ok c’est comme ça ». »
En Vrai : C’était quoi tes premières inspirations ?
Cécile Coulon : « Petite je regardais Tex Avery à fond, ça passait sur la 5, c’était en anglais sous-titré anglais, avec des bons sous-titres dégueulasses de la cinq ou d’Arte, je sais plus.
C’était en jaune avec des caractères gras et je trouvais ça tellement drôle, c’était génial !
Les anciens Tex Avery c’était le nec plus ultra de l’histoire qui dure 3 minutes et qui fonctionne, que tu aies 5 ans ou 80 ans c’était super.
Donc moi c’est vraiment ça qui m’a donné envie d’écrire des histoires. »
En Vrai : Comment tu gagnes ta vie ?
Cécile Coulon : « Sur un livre que je vends dans ma nouvelle maison d’édition j’ai un contrat où le minimum est 10 pourcents par livre, ça peut monter à 12 ou 14.
Donc je commence à 10 % et au bout de 10 000 bouquins c’est 12 % et au bout, je crois, de 20 000 c’est 14 % et c’est plutôt un bon contrat.
Dans la chaîne du livre, c’est en fait la personne qui écrit des livres qui est la personne la moins bien payée.
Après si tu veux vraiment un chiffre, la moitié des auteurs professionnels aujourd’hui en France sont en dessous du SMIC. »
En Vrai : C’est quoi les bons et les mauvais côtés ?
Cécile Coulon : « Les mauvais côtés c’est que tout le monde te dit : « c’est quoi ton vrai métier, tu fais quoi dans la vie ? » et je réponds que j’écris des livres et ils me disent : « non mais en vrai tu fais quoi ? » et toi tu dis : « bah en vrai j’écris des livres en fait ».
Ça c’est le mauvais côté mais ce n’est pas grave, ce n’est pas méchant, c’est juste qu’en fait tu as l’impression que pour le grand public c’est un truc pour s’amuser.
L’autre mauvais côté c’est que tu as l’impression d’être déconnectée du monde réel, c’est-à-dire qu’une fois que tu vis de cette activité-là tu te rends bien compte que tu as une liberté que plein de gens n’ont pas, enfin moi, je n’ai pas de réveil le matin, bon après je n’aurai pas de retraite, je n’ai pas de mutuel, je n’ai pas de sécu, donc il y a ça aussi qui va avec.
C’est-à-dire que tu choisis un statut juridique qui est merdique, l’intermittence à côté c’est du luxe mais vraiment et ce n’est pas une blague ! Mais pour ce mauvais côté-là il y a tellement de bons côtés : de la liberté dans ce qu’on écrit, tes journées tu en fais ce que tu veux, c’est toi qui décides de tout dans les tournées, aussi tu rencontres tellement de gens, moi je trouve ça génial.
Donc pour moi il y a beaucoup plus de bons côtés que de mauvais côtés, enfin si je veux dire le mauvais côté c’est de se dire que tu n’auras pas de retraite et que les gens ils pensent que ce n’est pas un vrai métier, mais en vrai ce n’est pas grave puisque je pense qu’actuellement il n’y a pas beaucoup de gens qui auront une retraite donc finalement on se retrouve tous au même niveau. »
En Vrai : Tu fais quoi quand tu n’écris pas ?
Cécile Coulon : « J’adore courir, je trouve ça très agréable, je trouve que ça fait du bien physiquement mais actuellement c’est comme du dopage pour écrire des livres, de courir.
Parce qu’on trie ses pensées en courant, on jette, on sort tout ce qui est inutile. Si vous avez des problèmes dans la vie tu as envie de dire mais en fait allez courir pendant même 45 minutes ou 40 minutes et vous allez voir qu’à la fin, ce n’est pas que les problèmes vont être partis, c’est que vous vous serez plus à même de les affronter.
Aussi, j’aime bien jouer aux cartes, vraiment, j’ai vraiment été élevé dans une éducation par le jeu, je jouais tous les jours avec mon père au backgammon, le soir à la belote, la coinche je ne sais pas y jouer encore parce qu’il faut que j’apprenne.
Et non le tarot ça me saoule, vraiment je trouve ça hyper beau, je trouve que les cartes sont magnifiques et c’est super pour faire des tatouages.
En fait j’ai déjà joué mais je me dis si tu n’es pas quelqu’un qui prend alors tu t’emmerdes pendant tout le jeu donc pour moi le tarot c’est juste hyper chiant mais c’est beau, c’est hyper esthétique.
Pour moi le tarot c’est le cinéma français : c’est beau, c’est super esthétique, mais c’est un peu chiant quand même tu vois. »
En Vrai : Un bouquin à conseiller ?
Cécile Coulon : « Pour quelqu’un qui me dit : « je n’aime pas lire », le livre que je vais lui donner je sais très bien ce que c’est, il s’agit d’un livre de Anne-Laure Bondoux et Jean-Claude Mourlevat qui s’appelle « et je danse aussi » et ce livre-là, pour quelqu’un qui ne lit jamais, quand on lui donne ce livre-là il le dévore tellement ce livre est bien.
C’est une correspondance entre un écrivain et une fille qui lit les bouquins de l’écrivain et cette fille, un jour, elle envoie un mail à cet écrivain en disant : « vous allez recevoir chez vous une grande enveloppe et je vous demande de ne pas ouvrir l’enveloppe » et le bouquin ça commence comme ça et c’est génial ! »