Ex-braqueur, je me suis rangé

🤠 On vous présente Fabrice ROSE ancien braqueur et auvergnat venant de l’Allier

🔫 Si toi aussi tu es fan de braquo, de films sur les voyous et que tu a suivi toute l’histoire de Pablo Escobar, tu vas adorer découvrir Fabrice

🪒 Braqueur, il a renoncé à la vie qu’il s’était choisie parce que sa fille le lui demandait.

🧨 Découvre l’histoire de Fabrice ROSE cet ex-bandit qui a même écrit un bouquin

En Vrai : Tu peux te présenter en quelques mots ?

Fabrice Rose : « Fabrice Rose, longtemps hors-la-loi et puis j’ai découvert la littérature, l’écriture en milieu carcéral, ce qui m’a fait tomber les murs et qui m’a permis de me sentir libre même enfermé dans 9m2. Entre les cavales, entre être repris des quartiers d’isolement, un jour j’ai décidé d’essayer d’écrire. C’est parti d’un mitard, où j’avais quelques bouquins et les pages arrachées. Et en lisant « Pylône » de Faulkner, il manquait une trentaine de pages, donc je me suis attaqué à ça en essayant d’écrire les pages absentes et j’ai trouvé le plaisir d’écrire. J’ai continué à lire énormément pendant près de 25 ans parce qu’au total j’ai été incarcéré pendant 25 ans plusieurs périodes, et puis voilà je me suis mis à écrire. »

 

En Vrai : Tu faisais quoi avant de devenir braqueur ?

Fabrice Rose : « Parcours scolaire cahoteux, ensuite dans les années 70 passionné par la photo j’ai voulu être apprenti photographe. Je vais passer mon CAP au bout de 2 ans, sauf que ma vision de la photographie ne plaisait pas aux examinateurs, donc j’ai claqué la porte. J’ai arrêté la photo. Ensuite j’ai eu un grave accident de moto, j’ai failli mourir. Quand je suis sorti du coma et qu’on m’a expliqué que j’avais failli mourir, j’ai eu envie de vivre à fond en disant que la vie pouvait s’arrêter du jour au lendemain. Dans la petite équipe de motards où j’étais il y avait deux mecs qui braquaient des banques et puis voilà j’ai commencé ma carrière de hors-la-loi comme ça.

Donc après : arrestation, évasion, arrestation, et ainsi de suite pendant pas mal de décennies. Jusqu’au jour où ma fille est venue me voir à la centrale d’Yzeure. Ma fille m’a demandé d’arrêter, qu’elle voulait retrouver son père, que si un jour elle avait un enfant elle voulait que cet enfant me connaisse. Donc il me restait encore quelques années à faire, et j’ai promis à mes filles que j’arrêtais, j’ai donné ma parole. Donc j’ai tout arrêté et voilà, je suis sorti depuis le 23 décembre 2005 je travaille dans plusieurs hôpitaux où j’amène la culture, je dirige des équipes d’animation, et puis je consacre aussi mon temps à l’écriture. »

 

En Vrai : On nous a dit que t’étais un braqueur à l’ancienne, ça veut dire quoi ?

Fabrice Rose : « Ça consiste déjà à respecter la vie des autres.  Ne pas partir sur un braquage en se disant qu’on peut tout se permettre, j’ai appris ça avec des gens d’une génération précédente à la mienne. Rien ne vaut une goutte de sang. On braquait, on préparait bien les affaires et on était considérés par les services de police à l’époque comme des beaux mecs. Parce qu’il n’y avait pas de violence. Ça a été aussi un enseignement de mon père qui était pilote de chasse à la Royal Air Force, c’est le premier qui est venu me voir en prison quand j’ai été arrêté la première fois, j’avais 19 ans. Et il m’a dit « je ne sais pas ce que tu feras de ta vie mais je te demande deux choses : « ne jamais faire couler du sang pour de l’argent, tu ne serais plus mon fils », et « la parole vaut l’homme », c’est-à-dire que personne ne te demande de donner ta parole ; donc si tu la donnes, tu la respectes. Ça a été 2 enseignements qui ne m’ont jamais quittés. »

 

En Vrai : C’était comment la prison ?

Fabrice Rose : « Je rentre en prison la dernière fois le 05/12/73. Pour moi la meilleure des évasions quand on n’a rien, quand on est vraiment enfermés c’est la lecture. Le premier bouquin que j’ai écrit s’appelle « Ghetto Taxi ». Il n’est pas publié, mais il a été repéré par Robert Laffont, c’est comme ça qu’on s’est rencontrés. L’histoire se passe à New York, et effectivement l’éditrice qui l’avait lu m’avait dit « On sent l’enfermement ». Donc ça se passe à New York sur une semaine. Et je j’avais jamais mis les pieds à New York, mais j’avais des plans de New York accrochés sur les murs, j’avais des magazines touristiques de New York et j’ai tout construit sur ça. J’étais grandement libre. »

 

En Vrai : « Tel père, telle fille », c’est un livre qui parle de quoi ?

Fabrice Rose : « Je me suis souvent interrogé sur la mort d’un enfant, parce que j’ai vu en prison des mecs qui avaient tué des mômes. Et je me suis souvent interrogé sur la vengeance. Je pense qu’il y a rien de pire que de prendre la vie d’un enfant, et quand c’est le nôtre, comment on réagit ? Est-ce que le fait de se venger permet de continuer à vivre, assouvi un instinct animal ? Est-ce que le fait de se venger est stérile ? En fait je n’ai pas de réponse, mais le bouquin est construit sur cette vengeance. On s’en prend à mon enfant, comment je réagis, qu’est-ce que je fais… Donc c’est un peu le thème du bouquin. »

 

 

En Vrai : « Ton livre a une suite ?

Fabrice Rose : « Donc le 2ème, c’est toujours le même gang, mais sur un autre sujet, sur une histoire de kidnapping, un peu politique. Et le 3ème ce sera la fin du gang, parce que les flics ne dorment pas, ils sont très présents dans le premier, ils sont très présents dans le 2ème et  dans le 3ème ça va être la fin du gang. Je raconte pas mais chacun va exposer à sa façon. C’est une façon aussi de rendre hommage aux flics. Moi j’ai eu la chance de rencontrer des grands flics. Les flics ont jamais été mes ennemis. La grande force des flics et notre faiblesse à nous, braqueurs, c’est qu’une fois qu’on a fait un casse, on pense au suivant. Eux ils commencent à travailler là-dessus ils ne lâchent pas. Dans le 3ème bouquin je veux aussi montrer qu’ils font leur boulot. »

Julie Barreno
Julie Rédactrice