J’ai créé la marque Picture Organic Clothing

Salut à toi jeune entrepreneur, aujourd’hui on a reçu Vincent André , l’un des trois co-fondateur de la marque PICTURE ORGANIC CLOTHING 🧶

Et oui si t’étais pas déjà au courant tout est venu d’un délire de potes 𝗰𝗹𝗲𝗿𝗺𝗼𝗻𝘁𝗼𝗶𝘀 𝘀𝗸𝗮𝘁𝗲𝗿🛹 qui ont tous quitté leur job pour vivre de leur passion. Mais à une seule condition : que la marque soit 𝟭𝟬𝟬% 𝗲𝗻𝗴𝗮𝗴𝗲́𝗲, éco-conçue et inscrite dans une démarche de développement durable.

En Vrai : C’est quoi Picture ?

Vincent André : « On est trois potes d’enfance, Julien, Jérémy et moi-même, passionnés de sports de glisse donc skateboard, snowboard, surf, kite surf. On a eu envie de répondre à une problématique qui fait très peur à nos parents, qui est de vivre de sa passion. Je crois que « la question a été vite répondu » si je peux paraphraser une personne un peu connue du moment. Et l’idée c’était de créer une marque qui embarque plusieurs choses : une techno cool, un design stylé, et surtout une vraie éco-innovation pour nos sports. En fait l’objectif pour nous, c’était de se dire que souvent les produits techniques sont des produits des fois qui sont chiants pour raconter une histoire, par contre ils sont très performants techniquement. Un produit stylé c’est souvent un produit qui est très cher. Et un produit écolo à l’époque, c’est souvent trop assimilé à un vêtement de hippie ou souvent aussi trop cher. Du coup pour nous l’idée c’était vraiment de mettre ces 3 ingrédients là dans une soupière et de créer la première veste Picture. »

 

En Vrai : Picture = éco mais pas local ?

Vincent André : « Alors ça c’est vraiment de la connerie. Nous on fait travailler quand même énormément de Français. On embauche entre 6 et 14 personnes par an. L’imprimerie où on fait 100% de notre catalogue est au Brezet. Le SAV se fait en France. On a 7 ateliers de réparation qui sont en France. Tout ce qui est en ligne mérino c’est en France. Nos bureaux d’études c’est en France, à Annecy. On a souhaité rester à Clermont-Ferrand déjà pour notre siège social. On a nos amis, on a la famille, on a tous nos partenaires et on fait bosser un maximum de gens qui ont les compétences en France pour le faire. Mais en fait, les usines de production, le sujet sur lequel on se fait attaquer à chaque fois, oui effectivement on fait produire en Chine mais une typologie de produit parce que c’est les meilleurs. La partie technique. Je dis pas qu’on ne l’a pas en France, parce que des mecs qui font des coudures étanches soudées en France, il y en a, tu en trouves.

Le problème c’est que dans un process industriel où t’es obligé d’en sortir une quantité dans un minimum de temps, là par contre c’est les meilleurs. Deuxièmement c’est de se rapprocher aussi de la matière première. Je mets au défi une de ces personnes de me trouver un champ de coton en France quoi.

Aujourd’hui tu te rapproches de là où ça se passe. La matière première, par exemple je parlais du coton il y a 2 minutes, on le fait en Turquie. Pourquoi en Turquie ? Bah parce que c’est le numéro un en culture de coton bio. On aurait très bien pu faire importer le coton d’Inde, il coûte vachement moins cher, mais on le fait pas. Parce que si on le rapatrie d’Inde en France pour le faire confectionner, on utilise du transport aérien. Le transport aérien c’est pas bon du tout, ça te ferait monter l’empreinte carbone du produit puissance 10 000. Mais la réalité c’est qu’aujourd’hui pour être bon en écologie sur un produit, en empreinte carbone, pour la confection il faut se rapprocher de là où il y a la matière première. Pour après utiliser un maximum le bateau, qui a l’empreinte carbone la plus faible, et de finir le dernier kilomètre avec un truck parce qu’on n’a pas le choix. Le débat qui consiste à dire : « on fait du localisme, picture ferait pas du localisme en France. », étant donné qu’on vend dans 49 pays, pour en Allemand, si je fais en France, c’est pas du localisme. Et ça en sera jamais. Par contre pour un français c’est cool, mais pour les autres c’est pas du localisme. Donc en fait il n’y a pas de sens à parler de ça.

Le vrai sens c’est de se dire « il faut qu’on se rapproche au maximum de la matière première, il faut qu’on ait les bons labels qui certifient toute la chaîne de la valeur, il faut qu’on soit présent en usine pour vérifier la qualité des produits ». Allons plus loin, ayons une vraie réflexion en se disant : si par exemple le marché américain nous commande 90% du volume global des Chino pants (je dis une bêtise parce que c’est certainement pas le cas) il faudrait plutôt que l’usine de confection, plus la matière première, des Chino pants soit plutôt aux États-Unis. Puisque c’est là où on en vend le plus donc on limite l’impact de transport maximum. Et finalement on fait bosser les gens qui achètent ce genre de produits. Pour moi personnellement, ça me paraît plus judicieux de réfléchir comme ça que de se dire « on va faire fabriquer en France » ce qui pour moi c’est un non-sens complet dans le textile. »

 

En Vrai : Au départ, une passion ?

Vincent André : « En fait ça donne un sens. Aujourd’hui plus que hier, c’est important. Donner du sens à ce qu’on fait. Ça demande beaucoup de temps, beaucoup d’énergie, beaucoup de travail. Et le truc c’est que si à un moment donné ça te fait chier, si c’est pas ton truc, au bout de 6 mois c’est plié quoi. C’est pour ça que c’est super important. »

 

En Vrai : La « Picture Family » existe ?

Vincent André : « C’est exactement ça. L’idée c’est : la Picture Family c’est pas que les riders, c’est vraiment tous nos salariés quoi. On se connaît tous, on se tape tous dans la main le matin. On se retrouve dans un lieu qui leur parle aussi. C’est l’effet de groupe qui fait que ça marche c’est pas l’effet des 3 mecs. »

 

En Vrai : Un last mot ?

Vincent André : « Euh… »

 

En Vrai : Aux jeunes qui veulent se lancer !

Vincent André : « Bien bien bien bien bien cadrer son projet dès le départ, et avec qui, comment… Faut avoir conscience que ça va vraiment pas être évident. Un bon parcours du combattant. Et puis il faut quand même bien border son projet dès le départ. Je peux donner une anecdote, un truc tout con mais qui a failli mais vraiment nous nous mettre dedans :  c’est qu’on démarre donc on trouve le nom, on dessine le logo… On commence à dessiner la collec’, on la dessine même. C’est là qu’on se dit « mais attends « Picture » on a le droit de l’utiliser ? Bon, on a eu du bol « Picture Organic Clothing » n’était pas déposé en classe 25. « Picture » non plus, mais l’aventure aurait pu s’arrêter très vite… Il y avait quand même 5 mois de travail quoi ! »

 

Julie Barreno
Julie Rédactrice