J’ai réalisé un documentaire sur le Cap-Vert

Deux clermontois enflamment le game du docu. Ils viennent de sortir un documentaire incroyable sur le Cap-Vert. Jeremy le co-réal est venu nous le présenter. 🇫🇷

Il s’intitule : « Documentaire Morabeza – Cap-Vert ».

Après des mois de travail, ce magnifique documentaire est enfin disponible et a quand même reçu un award au festival l’Impact DOCS Awards, en Californie. Il a aussi été sélectionné pour le festival organisé par l’Organisation Internationale pour la Migration et… l’ UNESCO va peut-être leur proposer de le diffuser.

Régalez-vous et bravo à eux ! Pour mater leur documentaire, cliquez sur ce lien 👇🏽

https://vimeo.com/340151612

Présente-toi !

Jeremy Billon  : « Bonjour, je suis Jérémy Billon, je suis travailleur en solidarité internationale et je viens vous expliquer ma reconversion dans le cinéma avec la co-réalisation de mon premier film documentaire en long-métrage qui s’intitule « Morabeza, la force du mouvement ». »

 

Il parle de quoi ton film ?

Jeremy Billon : « C’est un film qui parle quand même du Cap-Vert et de la culture capverdienne et notamment de ces deux choses qui nous ont profondément marqué, qui sont la Morabeza qui prend le titre du film et qui est cette capacité d’accueil et d’ouverture à l’autre.

Et l’autre réalité qui nous a marqué, c’est la forte proportion à migrer et pourquoi tant de personnes partent. Le point de départ c’est de se dire on va aller rencontrer à la fois des capverdiens au Cap Vert, ceux qui sont restés : qu’est-ce qu’ils ont à dire de leur pays ? Et tous ceux qui sont partis en Europe.

On a rencontré des jeunes de banlieue, des chefs d’entreprises, des jeunes, des vieux, des hommes, des femmes, pour qu’ils nous racontent à la première personne ce que c’est de migrer. On voulait donner une vision plus globale de ce qu’est le Cap Vert, pas juste un archipel mais le Cap Vert mondial en quelques sortes et une autre vision aussi de la migration.

On voulait aussi donner la parole à ceux qui la vivent. »

 

Comment t’es venue l’idée de faire ce film ?

Jeremy Billon : « On part en vacances avec un pote d’enfance, Benjamin Vallet, qui est vidéaste, donc lui il avait les compétences et il avait le matériel.

Moi j’avais envie de raconter plein de choses, particulièrement quand je suis en contact de différentes cultures, de l’altérité, qu’il y a des choses à raconter qui n’ont jamais été dites.

Le Cap Vert est assez méconnu donc il y avait beaucoup de choses à raconter et quand on est rentrés on s’est dit : « vas-y on fait un film ».

Au début on prend des images de rap, de jeunes qui font du freestyle de rap dans la banlieue et on nous amène de rappeur en rappeur et on se dit : « ça va être ça notre sujet » et qui aurait été un bon sujet aussi mais, en fait, on se rendait compte aussi qu’il y avait un autre sujet qui était hyper présent c’était celui de la migration. Parce que le Cap Vert c’est un pays qui a des paysages sublimes, où il fait beau toute l’année, il fait 25 degrés toute l’année, où la population est hyper accueillante et chaleureuse, qui vit paisiblement, il n’y a pas de conflit etc.

Et pourtant, il y a plus d’un capverdien sur deux qui vit en dehors des frontières !

Quand on parle aux gens c’est : « moi ma mère elle est aux États-Unis »,  « mon père il vit en France », « j’ai 5,6 frères ici ou là-bas » et on se dit : « comment ça se fait qu’ils migrent autant ? ».

Et en fait quand on rentre du Cap-Vert on se dit : « ok on a rencontré les Capverdiens du Cap-Vert, mais finalement c’est que la moitié des capverdiens qui existent ».

Donc on va rencontrer les Capverdiens qui sont proches de chez nous pour qu’ils nous racontent pourquoi ils sont partis, qu’est-ce qu’ils ont vécu et aussi comment ils perçoivent notre société, notre propre capacité d’accueil, ce qui est en créole la Morabeza.

C’est cette capacité très capverdienne qui est très ancrée dans la culture d’être ouvert à l’autre, d’interagir avec l’autre peu importe sa culture, voilà d’être un brassage de toutes ces cultures différentes.

Et on se dit : « qu’est-ce qu’on a à dire de notre propre Morabeza, notre Morabeza française ? », «  est-ce que on est perçus pareil ? ».

Ça questionne aussi beaucoup l’imaginaire qu’ils peuvent avoir de l’Europe.

On s’est imaginé beaucoup de trucs en partant, est-ce qu’ils sont réels ?

Quelle image on renvoie vis-à-vis des capverdiens qui sont restés quand on veut montrer aussi tous les sacrifices qu’on a fait, on espère qu’ils n’ont pas été faits pour rien et on veut montrer qu’ils n’ont pas été faits pour rien aussi et donc parfois on alimente cet imaginaire de l’Europe. »

 

Ton film a été récompensé ?

Jeremy Billon : « On a reçu un prix en Californie de l’Impact DOCS Awards qui récompense les films sur l’année qui ont le plus d’impact social.

On a aussi été sélectionnés dans un festival organisé par l’Organisation Internationale pour l’Emigration et on aura peut-être une diffusion aussi bientôt à l’Unesco pour la semaine de l’Afrique.

Donc pour nous déjà c’est énorme d’avoir pu être diffusé dans des pays différents, quand on est porteur de témoignages, de pouvoir les amener jusqu’aux plus hautes sphères internationales c’est une grande fierté, c’est fou.

On se disait on est partis d’une idée de vacances et voilà on la présente à l’Unesco peut-être bientôt ! »

 

C’est quoi la chose qui t’a le plus marqué là-bas ?

Jeremy Billon : « Cette culture de l’accueil !

Pour autant j’ai beaucoup voyagé donc des cultures accueillantes j’en ai vu plein en Afrique, en Amérique latine, j’avais déjà d’autres points de repères.

Mais là c’est quand même vraiment déstabilisant et déroutant à quel point les gens sont très avenants et invitent à manger, à dormir chez eux, enfin c’est fou ! »

 

La suite c’est quoi ?

Jeremy Billon : « Quelque part j’aimerais encore tirer ce fil et qu’un deuxième projet se fasse avec les gens du quotidien : comment on accueille les gens ? Qu’est-ce qu’on veut pour demain ? Comment on va faire pour agir ensemble sur les grands enjeux mondiaux ?

Mais aussi faire tomber les préjugés qu’on a entre nous : l’incapacité qu’on a à se parler entre le plombier, la boulangère, le haut cadre, le PDG, le jeune de banlieue, l’ancien etc.

Malheureusement on ne se parle plus assez et on prend des décisions sur des sujets sans connaître la réalité des autres qui nous entourent.

Comment on prend des décisions communes si on est coupés les uns des autres et qu’on ne sait plus ce que vit la personne âgée, le jeune et tous les secteurs de notre société. »

hugo coussonnet
Coussi Rédacteur