COVID 19 | La situation du virus en Auvergne

🚑 Le médecin Fabien Ruaud , médecin généraliste à côté de Clermont et président du syndicat MG France pour l’Auvergne, a souhaité vous faire passer un message, enfin plusieurs messages
Il nous informe sur la situation du virus COVID 19 en Auvergne et nous dit bien :
▶️ ⏩ RESTEZ CHEZ VOUS !!
 
Découvrez l’échange qu’il a eu avec l’équipe d’En Vrai
📣 Et n’oubliez pas, tous les professionnels du médical sont à la recherche de masques 😷 pour les protéger, si vous avez des masques dont vous ne vous servez pas, MERCI de les amener de toute urgence chez votre professionnel de santé le plus proche…

Présente-toi !

Fabien Ruaud : « Bonjour je suis le docteur Fabien Ruaud, je suis médecin généraliste et suis président du premier syndicat des médecins généralistes de France pour la région Auvergne. »

 

En Vrai : C’est quoi la situation en Auvergne ?

Fabien Ruaud : « C’est toujours très compliqué parce qu’en fin de compte comme il n’y a pas de test, on ne donne que les chiffres de ceux qui sont testés.

Il est certain qu’aujourd’hui le covid-19 est présent sur tout le territoire national, donc on sait qu’il y a une trentaine de patients hospitalisés en réanimation sur Clermont-Ferrand, donc il est là et on nous annonce le pic dans une dizaine à quatorze jours. »

 

En Vrai : Comment est gérée la crise ici ?

Fabien Ruaud : « En Auvergne on a le nombre de cas qui nous permet de bien gérer la situation grâce à une politique de confinement qu’il faut impérativement faire perdurer, mettre tous les moyens pour éviter les contacts. »

 

En Vrai : Est-ce que c’est vraiment qu’une grosse grippe ?

Fabien Ruaud : « Le covid-19 c’est très grave, c’est plus grave que la grippe, pourquoi ? Parce que d’abord on n’a pas de vaccin, parce qu’il n’y a pas d’immunité, c’est la première fois que les humains sont contaminés.

Donc on peut arriver sur un taux de patients allant de 60 à 70 % de la population touchée, quand on sait qu’il y a un potentiel de 5 à 10 % d’extrême gravité, on peut très rapidement être dépassés. »

 

En Vrai : Ça va durer combien de temps ?

Fabien Ruaud : « Nul ne peut prédire l’avenir, mais quand on regarde un peu ce qu’il se passe, les éléments sur la capacité d’avoir un traitement, la capacité d’avoir un vaccin, l’évolution, on est sur des mois.

On nous a annoncé que ce serait minimum 15 jours, je pense qu’il faut que les gens se préparent sur le fait que ça ne va pas durer 1 ou 2 mois. »

 

En Vrai : Si je suis malade je dois continuer à aller voir mon médecin ?

Fabien Ruaud : « Moi j’ai vu une patiente hier, une jeune fille, les parents n’osaient pas l’emmener parce qu’elle avait mal au ventre et qu’ils avaient peur par rapport au coronavirus dans le cabinet.

En fin de compte c’était l’appendicite, elle a été opérée en urgence, c’est la raison pour laquelle il faut s’organiser pour que dans ce contexte de guerre on puisse continuer à faire le travail qu’on faisait avant et qui est très important parce qu’il y a des patients qui méritent aussi d’être soignés, il n’y a pas que le covid-19 ! »

 

En Vrai : Est-ce qu’on peut imaginer une solution viable ?

Fabien Ruaud : « Alors il y a une solution : on aura un vaccin.

Le problème c’est sur les délais, pour les scientifiques il y a tout un parcours à respecter, un parcours sécuritaire, en moyenne ils annoncent une année, quelques mois c’est certain. »

 

En Vrai : Si je sens des symptômes je fais quoi ?

Fabien Ruaud :  » Si on a des symptômes qui apparaissent, il faut immédiatement appeler son médecin traitant, ça c’est la première chose.

Lui il va évaluer, soit par téléconsultation, soit par une consultation, le degré d’urgence.

S’il y a des signes respiratoires, le patient doit être immédiatement hospitalisé donc il faut, dès qu’on a les signes, appeler son médecin de famille. »

 

En Vrai : Le confinement c’est la seule solution ?

Fabien Ruaud : « C’est certain ! Aujourd’hui si aucune politique n’est menée on va se retrouver facilement avec 70 % de la population touchée par le covid-19, les scientifiques déclarent 10% de cas graves, donc on fait le calcul…

En France, il y a 7 000 lits de réanimation, on nous parle aujourd’hui d’un potentiel de 12 000 lits. Si on a 50 millions de gens qui sont touchés en France on fait le ratio sur 10 % ça fait 5 millions de gens qui nécessitent des soins.

Le système d’assistance respiratoire ce n’est pas pour une journée, c’est une à deux semaines.

On fait vite le calcul et on se rend bien compte que la situation peut être plus que dramatique.

Donc il faut vraiment que tout à chacun ait le réflexe de rester confiné car là est la seule solution, là est le seul traitement, la seule solution c’est de ne pas tomber malade. »

 

En Vrai : Le port du masque tu en penses quoi ?

Fabien Ruaud : « Dans les pays où il y a une politique étendue de dépistage du covid-19 avec le port du masque obligatoire, le nombre de patients atteints est bien moindre qu’en France et il y a moins de mortalité. »

 

En Vrai : Qu’est-ce qu’il faudra retenir de tout ça ?

Fabien Ruaud : « Le bilan aujourd’hui il est assez simple : c’est qu’il va falloir tout simplement que notre pays prenne en considération les risques pour les citoyens et quand on voit qu’on n’a pas de masque parce qu’ils étaient fabriqués en Chine, qu’on n’a pas de pénicilline parce que 90 % est produite en Chine, quand on sait que les médicaments avant coutaient 30 % moins cher en production en Chine qu’en France et qu’aujourd’hui c’est que 5 %, je pense que l’urgence de tout ça dans le bilan il faut être positif.

Je sais qu’il y en a qui veulent régler des comptes mais il faut être positif.

Il faut faire le constat des échecs et récupérer les moyens d’assurer aux citoyens leur sécurité et la bienveillance et le bien-être dans notre société.

Il faut que les politiques prennent leurs responsabilités, en tout cas qu’ils soient cohérents : on ne peut pas dire aux gens « restez chez vous » et « allez voter ». On ne peut pas dire aux gens « restez chez vous » et « n’allez pas courir sur des terrains de sport mais lundi matin vous devez tous aller travailler ».

A partir de ce moment-là il est certain que pour les citoyens ils sont perdus mais, nous médecins, nous tous, on vous dit : « restez chez vous !! ». »

hugo coussonnet
Coussi Rédacteur