Professeur Schmidt du CHU de Clermont

🤲 Le professeur Jeannot Schmidt chef du Pôle SAMU – SMUR – Urgences au CHU Gabriel Montpied est venu partager pour vous un témoignage sur la situation du COVID 19 avant le déconfinement prévu le 11 mai prochain 🩸
Il nous explique son point de vue sur :
▶️ la situation du virus
▶️ la situation en #auvergne
▶️ un potentiel vaccin
▶️ est-ce que les vacances seront possibles
▶️ est-ce que le traitement de Raoult est viable
 
🚑 Il est transparent et nous donne sa version à quelques jours de la fin potentielle de cette situation de confinement en France 🇫🇷
 
Découvrez l’échange qu’il a eu avec l’équipe d’En Vrai vendredi 24 avril

Présente-toi !

Professeur Schmidt : « Bonjour, je suis le professeur Schmidt, je suis le responsable du pôle urgences du CHU de Clermont-Ferrand. »

 

En Vrai : Quel est le bilan pour l’instant en Auvergne ?

Professeur Schmidt : « Depuis le début, en Auvergne, on comptabilise à peu près 500 cas.

Les derniers chiffres officiels, d’il y a 2 jours, c’était 472 cas, en sachant que les chiffres augmentent peu maintenant depuis une petite quinzaine de jours.

Et sur ces 472 cas, on a, à ce jour, à l’hôpital, comptabilisé 63 décès. »

 

En Vrai : Pourquoi c’est si long de trouver un vaccin ?

Professeur Schmidt : « Toute la difficulté aujourd’hui c’est d’être sûrs que le vaccin contienne la particule du virus qui va générer la synthèse des bons anticorps qui nous permettront de nous défendre si on est naïf par rapport au virus, c’est-à-dire si on ne l’a jamais rencontré auparavant, et c’est vraiment une difficulté c’est pour ça qu’aujourd’hui la PCR (ce qu’on fait communément en grattant le nez) est fonctionnel, ça marche bien, et on connaît la valeur de ce test.

Les anticorps, on en a testé déjà plusieurs au niveau national et international, on n’est pas encore sûrs du meilleur test et donc il faut encore attendre un petit peu.

Pour ce qui est du vaccin, c’est aujourd’hui beaucoup trop tôt, en tout cas il n’y a pas de début d’étude en cours pour le vaccin et les plus optimistes se projettent à 3 à 6 mois et je crois que 6 mois c’est déjà très optimiste et les plus réalistes on est plutôt dans une dimension d’un an et demi à 2 ans. »

 

En Vrai : Pourquoi le professeur Raoult fait autant polémique ?

Professeur Schmidt : « L’erreur qu’il a faite c’est qu’il est passé d’une petite trentaine, 26 malades exactement, qu’il a traités de manière en prenant les malades les uns derrière les autres et il leur a donné ce médicament.

Il a observé ce qu’il se passait et à la fin de l’évaluation, sur les 26 malades, il en manquait 6 et il a tiré finalement des conclusions, que sur 20 malades. Et les 6 qui manquaient, il y en a quand même un qui est décédé, et 3 qui étaient partis en réanimation, et donc c’est un peu embêtant de partir de 26 malades et de conclure sur les 20 qui restent, en disant « sur les 20 qui vont mieux, regardez le médicament est efficace ».

Si je prends une centaine d’enfants qui sont atteints du coronavirus et que je leur donne du Plaquénil, l’évolution va être favorable chez la centaine d’enfants alors que, spontanément, elle l’est déjà et donc on va dire : « mais regardez je leur ai donné ça et ils vont mieux », mais en fait non, ils ne vont pas mieux !

Ils allaient de toute façon spontanément être mieux et aller bien, et donc c’est pas le médicament mais c’est leur tolérance et c’est le fait que le virus soit moins agressif moins virulent chez l’enfant. »

 

En Vrai : Et si on laissait les jeunes attraper le virus ?

Professeur Schmidt : « On a des études nouvelles qui paraissent tous les jours et qui en fait montrent que même quand on met tous les jeunes ensemble, bah ce n’est pas du 100% et le nombre d’enfants touchés c’est 25, 30, 35%, ce qui finalement est peu si on part du principe que pour empêcher une épidémie il faudrait que 70 % de la population soit immunisée.

Alors communément on est immunisés grâce aux vaccins, là ce serait plus aujourd’hui par le fait d’avoir rencontré le virus. »

 

En Vrai : Faut-il faire une croix sur nos vacances à la plage ?

Professeur Schmidt : « En tout cas, il est peut-être plus sain d’aller imaginer prendre ses vacances en Auvergne, il y a plein de montagnes, il y a plein d’endroits où on peut se promener sans se marcher dessus et peut-être éviter d’être allongés l’un à côté de l’autre, sur les plages du sud.

Le Cantal, qui est souvent en avance dans la publicité pour son département, parce que je trouve qu’ils arrivent à faire une belle promotion de ce département, ils ont eu une fois de plus un tour d’avance puisqu’ils ont été très peu touchés et c’est un très beau département donc ils parttnt gagnant là-dessus ! »

 

En Vrai : Un last mot ?

Professeur Schmidt : « Si le vaccin devait voir le jour, allons-y pour nous faire vacciner en masse parce que, comme je l’ai répété, pour éviter une épidémie il faut que 70 % de la population soit couverte et je crois que l’on n’a pas le droit, en tant que citoyens de trahir son prochain et ce serait un vrai signe de solidarité qu’on fasse des campagnes de vaccination collective où tout le monde s’engage et qu’on arrête de montrer du doigt les vaccins qui probablement font partie des plus grands progrès en médecine. »

hugo coussonnet
Coussi Rédacteur