Une infirmière parle du coronavirus en Auvergne

🚑 Une infirmière a bien voulu partager son témoignage et surtout voulu vous rassurer sur la situation du virus en Auvergne mais aussi de l’entraide naturelle que la situation a provoqué.
▶️ Marion GENEIX, infirmière libérale à Clermont a voulu vous rassurer, vous parler de la situation, des symptômes, de sa position sur le sujet et surtout ALERTER les personnes malveillantes qui cassent les voitures et les pharmacies pour voler des masques et du gel

👺 HONTE À VOUS

Découvrez l’échange qu’elle a eu avec l’équipe d’En Vrai
📣 Et n’oubliez pas, tous les professionnels du médical sont à la recherche de masques 😷 pour les protéger, si vous avez des masques dont vous ne vous servez pas, MERCI de les amener de toute urgence chez votre professionnel de santé le plus proche…

Présente-toi !

Marion Geneix : « Bonjour, je m’appelle Marion Geneix et je suis infirmière libérale à Clermont-Ferrand dans le quartier Saint-Jacques. »

 

En Vrai : C’est quoi la situation actuelle ?

Marion Geneix : « Au niveau national on voit que, dans certaines régions, c’est beaucoup plus présent que dans d’autres.

Je pense qu’on a la chance, en Auvergne, d’être un peu épargnés, par le virus même s’il faut bien sûr faire attention et prendre ces mots avec précaution. Mais à priori on n’est pas sur les régions du Haut-Rhin et de l’Île-de-France qui sont vraiment submergées complètement au niveau des patients COVID et dans les hôpitaux.

D’autre part, je sais qu’il y a eu des transferts d’autres régions chez nous.

On a l’EHPAD à Lempdes qui a été durement touché, avec plusieurs décès, après c’est vrai que pour l’instant en ville en tout cas dans nos patients avec mes collègues on n’a pas de cas, ce qui est quand même plutôt bien. »

 

En Vrai : Est-ce que tu crains le COVID-19 ?

Marion Geneix : « C’est vrai qu’au niveau des traitements on n’est pas encore certains sur beaucoup de choses.

Visiblement, le vaccin, il va falloir quand même une bonne année, voire 2 ans, pour potentiellement en avoir un qui soit susceptible de fonctionner. Donc c’est vrai que c’est quelque chose de jamais vu et en tant qu’infirmières et soignants on a vraiment envie de protéger nos patients et se protéger aussi nous-mêmes, pour ne pas être contaminés et pour, c’est peut-être un peu égoïste, mais pour penser à notre famille aussi parce qu’on a tous une famille, des enfants, des conjoints, des parents, et même s’il y a eu le confinement on n’a pas du tout envie de les emmener dans cette démarche là et dans ce problème-là. »

 

En Vrai : Tu te sens en sécurité au travail ?

Marion Geneix : « Oui, on a des masques pour travailler. Après c’est vrai que potentiellement dans le temps on n’en aura vraiment pas suffisamment, à savoir que nous avons été obligés de se rationner.

On est trois et une remplaçante dans notre cabinet, on se rationne, on prend un masque par infirmière et pas tournée, donc ça fait un masque par jour a priori, voire deux quand on a aussi la tournée du soir dans la même journée.

Au niveau du gel hydro-alcoolique, c’est pareil, il y a une ruée là-dessus, on a eu un mal fou à pouvoir en obtenir. On en est à utiliser un soluté hydro-alcoolique que la pharmacie en dessous du cabinet nous fournit et qu’il fabrique.

Au niveau des masques FFP2 c’est pareil, on en a quelques-uns, on se les garde au cas où on ait des patients COVID, aussi parce qu’on n’en a pas suffisamment, à savoir qu’on n’est pas à l’abri demain d’avoir un de nos patients qui est atteint ou d’avoir une prise en charge pour des surveillances de patients ayant été infectés où étant infecté, donc c’est vrai qu’on se garde les masques FFP2. Le peu qu’on a pour travailler en tout cas dans nos réserves parce qu’on n’est pas à l’abri de tout ça.

C’est vrai que par contre du coup on travaille avec des masques chirurgicaux et que les masques chirurgicaux ça ne nous protège pas forcément du virus, ça évite qu’on postillonne sur les patients mais ça protège pas du tout du virus, donc là-dessus on fait un peu comme on peut avec ce qu’on a.

Par contre en termes de sur blouses, de charlottes, de tout ça, si on est amenés à avoir des patients qui sont atteints, là par contre on n’en a absolument pas. »

 

En Vrai : Il y a des bons côtés à ce confinement ?

Marion Geneix : « On voit quand même beaucoup de solidarité entre les gens, je pense que cette façon-là aussi de vivre en ce moment ça a permis aussi aux gens de se rapprocher sans se voir parce qu’on entend plein de situation où les voisins vont s’inquiéter un peu plus des voisins d’à côté, alors qu’ils n’avaient pas forcément de contact avec eux.

Les personnes âgées dans les quartiers vont plus être aidées, ce matin j’avais une de mes patientes qui m’a expliqué que c’était son gardien d’immeuble qui était venu lui faire un coup de ménage chez elle parce qu’elle ne pouvait pas le faire et que du coup il l’a fait pour l’aider aussi un petit peu.

Je pense que cette situation là a aussi permis aux gens de se soucier un peu plus des autres dans leur entourage et autour d’eux. »

 

En Vrai : Un dernier mot ?

Marion Geneix : « Je vais parler surtout vis-à-vis des infirmières, parce que c’est vrai qu’on voit beaucoup de choses en ce moment qui me mettent hors de moi…

Ça a déjà été dit dans plusieurs reportages, plusieurs médias, mais s’il vous plaît arrêtez de piquer les masques !

Arrêtez de fracturer les voitures des infirmières qui sont en tournée pour leur piquer des solutions hydro-alcooliques, pour leur piquer des masques, ça ne sert à rien parce que le problème c’est que c’est leur outil de travail.

Elles ne peuvent plus travailler, donc elles ne peuvent plus se protéger.

Si elles ne se protègent plus, alors elles ne peuvent plus aller soigner les gens, donc pour le coup il va falloir vraiment prendre sur vous et je comprends que ce n’est pas simple comme situation mais il y a aucun intérêt à fracturer les voitures, à cambrioler les cabinets médicaux, parce qu’il y a aussi des cabinets médicaux qui ont été cambriolés sur Clermont, pour piquer les masques.

Le problème c’est qu’après les soignants ne peuvent plus intervenir chez les gens, moi demain si je n’ai pas de masque je ne vais pas mettre ma santé en péril pour aller soigner d’autres personnes.

Donc il faut comprendre que si on n’a plus tout ça il faut vous dire qu’on ne pourra pas soigner les personnes de votre famille, ça peut être vous-même, parce que vous n’êtes pas à l’abri non plus d’attraper ce virus, donc vraiment je pense qu’il faut en appeler aussi bien au civisme que à l’attention de tout le monde.

Donc prenez soin de vous mais prenez soin des autres ! »

adrien coussonnet
Adriz Rédac' chef