Les auvergnats qui fabriquent des visières
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Yann Vodable : « Bonjour, je suis Yann Vodable, je suis enseignant au lycée Lafayette et aujourd’hui je vais vous parler des visières solidaires. L’objectif c’est de créer un réseau de particuliers ou de professionnels ayant une imprimante 3D afin de réaliser des visières de protection… »
En Vrai : C’est quoi les origines du projet ?
Yann Vodable : « C’est le président de Prusa Research qui fabrique des imprimantes 3D de bureau pour le grand public, et c’est lui qui a proposé le premier modèle pertinent de visière de protection.
Nous, on a travaillé à partir de ce modèle-là clairement.
Sa version était bien, elle était parfaite pour quelqu’un qui vous laisse en faire une pour lui, mais elle ne répondait pas du tout aux besoins d’équiper de façon plus élargie. »
En Vrai : Vous en avez fait combien ?
Yann Vodable : « Il y a un cinéaste américain qui prépare un film, ce que je sais c’est que lui il est en contact avec des Makers de plusieurs pays et selon ses chiffres, on est en 4ème position mondiale pour la fourniture de matériel médical fourni par le peuple.
Donc les premiers sont les États-Unis, ensuite c’est l’Inde, ensuite c’est l’Espagne, et après c’est nous (la France).
Je sais aussi que parmi les fournitures médicales les plus données, celles qui arrivent en tête, et de loin, c’est la visière.
C’est dommage que ça n’ait pas été un business parce qu’aujourd’hui j’aurais d’autres projets on va dire… »
En Vrai : Comment les soignants ont accueilli cette initiative ?
Yann Vodable : « J’ai eu des retours comme quoi ce que j’avais conçu était très confortable, et même plus confortable que d’autres modèles, donc je suis assez content parce qu’au final la petite conception auvergnate s’exporte bien !
J’estime qu’elle a été produite à 500 000 exemplaires et puis fabriquée en Auvergne, pour des soignants auvergnats c’est plutôt sympa ! »
En Vrai : Vous avez rencontré des difficultés ?
Yann Vodable : « Le problème des visières dans la plupart des pays est un problème d’approvisionnement, ce n’est pas un problème d’argent !
La preuve : quand les industriels ont commencé à vendre leurs visières 15 €, j’en ai même vu à 50 €, et ben ils les vendaient donc c’est que ce n’est pas un problème d’argent, c’est un problème de disponibilité.
Aujourd’hui, en France on n’en donne plus, ce n’est pas qu’on ne veut pas, c’est tout simplement qu’on ne nous les demande plus.
Il y a quelque chose que j’ai appris aussi par la France, c’est que dès qu’on passe par un bureau on perd du temps, il faut passer par les personnes concernées.
Là, aux hôpitaux Clermontois, j’ai dû distribuer 1 500 visières qui ont été produites chez moi, il n’y en a pas une qui est passée par un chef, tout est passé par des soignants parce qu’ils savaient de toute façon qu’au niveau administratif ça allait tiquer, il y a toujours une raison et puis au final c’est pas distribué.
Ça peut faire comme à Vichy, où ça finit par être distribué 18 jours après la livraison, donc ça veut dire que les soignants vichyssois sont restés 18 jours non équipés, à cause de l’administratif donc on a vite compris qu’il ne fallait pas passer par-là. »
En Vrai : Un last mot ?
Yann Vodable : « Si vous appréciez la solidarité, sachez que ça ne se fait pas tout seul.
Il y a ceux qui mettent la main à la pâte, il y a ceux qui transportent, il y a ceux qui fournissent, il y a ceux qui donnent de l’argent, et il y a ceux qui donnent du temps donc on a besoin de tout le monde quand même ! »