Je suis Russe et expatriée à Clermont

👩‍🦰 Le savais-tu ? Mais l’Auvergne est une Terre d’accueil qui séduit les étrangers et notamment les russes. 🌋 C’est pas que Poutine leur fait peur, oohhhh non
👍 Mais être expatrié en France, c’est pas toujours facile et les auvergnats sont parfois un peu rudes.
🛸 Pour vous en parler, nous avons rencontré Anastasiia, qui a quitté sa Russie pour venir s’installer à Clermont et qui partage son retour d’expériences depuis son arrivée en France …
🛎 Merci pour ce partage

En Vrai : Pourquoi es-tu venue en France ?

Anastasia : Je viens de Russie et ça fait 6 ans bientôt que je suis en France.

Je suis arrivée en septembre 2013 pour faire mes études dans le cadre d’un programme de double diplôme. Je faisais mes études à l’université de Moscou et ils nous ont proposé de faire un an à l’étranger et puis à la fin de ces études on était censés venir ici pour deux semestres et repartir après avec deux diplômes.

Nous avons choisi avec des amis d’aller en France pour pouvoir justement vivre dans l’autre pays pendant 1 an pour cette expérience.

 

En Vrai : Comment tu as fait pour t’adapter sachant que tu ne parlais pas français ?

Anastasia : Nous étions six à la base.

Lors de notre deuxième journée à l’université j’ai reçu un message d’une copine qui était dans l’amphithéâtre un peu plus haut me disant : « il me semble qu’on s’est trompées d’amphithéâtre » et c’était le cas ! En fait, nous sommes arrivées dans un grand amphi pour un cours magistral mais ce n’était pas notre professeur alors nous nous sommes dit : « c’est peut-être le remplaçant » mais on ne comprenait pas de quoi parlait le cours. Je regardais autour de moi et je ne voyais personne que je connaissais, mais bon je me suis dit « c’est peut-être quelqu’un qui vient d’arriver » parce que c’était le 7 septembre donc forcément il y a encore des gens qui arrivaient. Au bout de 20 minutes nous avons commencé à nous rendre compte que nous nous n’étions pas dans la bonne classe, au moment où il a mis les diapos.

Les avantages pour nous c’est que les étudiants dans la majorité des cas sont très accueillants, ils sont ouverts d’esprit, il y en a beaucoup qui sont déjà partis à l’étranger donc ils savent ce que c’est.

C’est vrai qu’à la fac j’ai rencontré des gens qui étaient très accueillants, qui me passaient leurs notes de temps en temps, qui m’aidaient à me préparer pour les examens et j’avais aussi les gens qui saluent de loin un peu froidement.

 

En Vrai : Difficile de trouver du travail en France ?

Anastasia : Là je suis dans l’étape où je dois trouver un emploi plus ou moins stable car depuis 3 ans je travaille.

Les trois premières années en France j’étais à la faculté et c’était bien mais je me suis retrouvée à 26 ans avec 8 années d’études et aucune expérience professionnelle.

C’est alors que je me suis dit que si je faisais un master à la faculté, ça allait être compliqué pour moi d’expliquer 10 ans d’études. J’ai fait le choix de partir sur l’alternance et j’ai eu des réponses du type : « on n’est pas sûrs que votre niveau de langue suffise pour travailler dans notre boîte ».

Ça c’était au tout début, mais c’est vrai que j’envoyais juste le CV et la lettre de motivation et la personne ne me recevait même pas en personne pour pouvoir estimer mon vrai niveau.

Au moins, les gens qui m’envoyaient une réponse ont pris la peine de répondre et je sais sur quoi travailler même si c’est mon niveau de langue.

 

En Vrai : Comment tu obtiens la double nationalité ?

Anastasia : Pour pouvoir demander la nationalité française il faut vivre ici durant 5 ans ou valider son diplôme d’études supérieures sur le territoire français ou être un scientifique, un médecin ou, du moins, faire des recherches au bénéfice de la France ou être un militaire ou sportif.

Cela me permet de demander la nationalité au bout de 2 ans, sinon tu peux être parent d’un français ou enfant d’un français et là c’est « regroupement familial » donc c’est encore autre chose.

Globalement, il faut remplir beaucoup de conditions mais surtout prouver ton utilité pour la société française, moi par exemple je travaillais donc je payais des impôts, je n’étais pas juste une femme d’un français qui reste à la maison.

Il faut aussi, si possible, montrer ses attachements familiaux. Avec mon copain nous sommes pacsés donc ça montre à l’État que je ne vais pas repartir directement après avoir reçu la nationalité et idéalement avoir la preuve de revenu donc soit le contrat, soit les indemnisations de chômage. Avec le chômage c’est délicat parce que quand tu es étudiant étranger tu n’as même pas le droit d’être inscrit à Pôle Emploi donc je me suis débrouillée différemment.

 

En Vrai : Comment les Français sont vus en Russie ?

Anastasia : Le cliché c’est que c’est un pays romantique, c’est la langue la plus jolie, la plus romantique, si quelqu’un fait un rencard chez lui il essaie de mettre une chanson française par exemple.

Après bien sûr, il y a le vin, le fromage, les baguettes, le béret, les petites moustaches et la marinière donc du coup on mélange tout !

adrien coussonnet
Adriz Rédac' chef