Arrêtons de manger de la « merde » en Auvergne
Adieu les Auvergnats, Philippe, le porte-parole de la Confédération Paysanne du Puy-de-Dôme est venu nous parler d’agriculture, d’agriculteurs et de nos assiettes
En Vrai : Qui es-tu ?
Philippe Falvard : Bonjour, je suis Philippe Falvard, je suis porte-parole de la Confédération paysanne du Puy-de-Dôme. Je suis souvent en confrontation avec des idées qui voudraient prôner une agriculture un peu trop industrielle à notre goût.
En Vrai : C’est quoi cette charte ?
Philippe Falvard : Pour la petite histoire il y a une charte qui a été établie par la FNSEA et les JA sur le département du Puy-de-Dôme par rapport aux zones de non-traitement.
En agriculture on utilise des produits qui peuvent être dangereux, donc il y a des gens qui se sont mobilisés pour dire « ce n’est pas normal que les paysans traitent à proximité des écoles ou des maisons de retraite, des habitations ».
Il y a une loi qui a été faite en décembre 2019, la loi EGalim, qui prévoit des zones de non-traitement. Malheureusement dans cette loi ils ont prévu qu’il était possible de faire une charte non pas pour améliorer la loi mais pour pouvoir en diminuer ses effets.
En Vrai : Quel est le problème donc ?
Philippe Falvard : Ce n’est pas parce qu’on va traiter à 5 mètres d’une maison que le produit ne va pas se déplacer et aller atteindre les gens.
Par ailleurs, on se bat aussi pour défendre les paysans parce qu’il faut bien qu’ils se rendent compte qu’ils sont en train de s’empoisonner aussi en utilisant ces produits parce que la plupart ne se rendent pas compte à quel point les produits qu’ils utilisent peuvent être dangereux pour leur propre santé. Donc nous essayons d’amener le débat vers la disparition de ce type d’agriculture, on sait très bien aujourd’hui qu’on arrive à sortir des rendements extraordinaires juste en mélangeant des plantes, par exemple.
Le monde agricole a dû mal à s’adapter à ça tout simplement parce que l’agrochimie continue à pousser pour qu’on consomme leurs produits.
En Vrai : Quelles sont les solutions ?
Philippe Falvard : Au niveau de la Confédération paysanne on étudie un nouveau mode de développement de la société parce que ne parler que des paysans ça ne sert à rien, même si on essaie de faire en sorte qu’ils s’améliorent dans leur façon de travailler pour ne pas infester la planète, pour faire des produits sains pour les gens.
Je ne pense pas qu’il y ait un paysan qui sciemment face des produits pour empoisonner les gens, par contre ils le font sans s’en rendre compte et nous voulons que ces gens-là prennent conscience qu’on peut travailler autrement et en faisant nettement mieux. Donc ce qu’on propose maintenant c’est de monter une sécurité sociale alimentaire.
En Vrai : Tu peux nous en dire plus ?
Philippe Falvard : Tous les mois il y aurait 150 € par personne qui seraient consacrés à acheter de l’alimentation qui sortirait d’une charte qui soit à la fois pour des produits qui sont respectueux de l’environnement, de proximité au maximum ou au moins du commerce équitable.
Ainsi, les habitants de France auraient 150 € tous les mois à dépenser, dans le cadre de cette charte ils ne pourraient pas en faire autre chose. Alors, certes, cela éviterait la prolifération des « Restos du cœur », du « Secours populaire », du « Secours Catholique », par exemple car ils ont pris en charge toute la malnutrition des pauvres. En revanche, ce dont ils ne se rendent pas compte c’est qu’ils jouent le jeu de l’agriculture industrielle puisqu’ils n’écoulent que les produits bas de gamme pour les pauvres, ce qui fait que l’agriculture industrielle continue à dire « on est obligés de faire des produits comme ça parce que les gens n’ont pas de sous », or non c’est idiot. Nous on dit « on va donner des sous aux pauvres pour qu’ils puissent acheter de la qualité, mais on va les obliger à acheter de la qualité ».
En Vrai : Un last mot ?
Philippe Falvard : Évitez les produits industriels sans goût, sans saveur et dont vous ne connaissez pas l’origine. Achetez à côté de chez vous !