La comédie de Clermont avec Jean-Marc Grangier
Présente-toi !
Jean-Marc Grangier : « Bonjour, je suis Jean-Marc Grangier, directeur de la comédie de Clermont-Ferrand, scène nationale, et je vais vous en parler un petit peu aujourd’hui, vous donner des nouvelles en cette période compliquée du COVID. »
En Vrai : C’est quoi la Comédie ?
Jean-Marc Grangier : « La Comédie c’est une scène nationale, et des scènes nationales il y en a plus de 70 sur le territoire français.
Ce sont des lieux qui ont 3 missions principales : c’est d’abord de diffuser, d’amener la culture contemporaine sur un territoire donné, c’est de soutenir la création, d’aider en mettant des moyens financiers, des moyens humains, accompagner le travail de création des artistes et la troisième mission c’est de mettre en place des ateliers ou des outils de sensibilisation et de formation pour permettre à un public le plus large possible d’avoir accès à la création contemporaine.
Bientôt on pourra venir acheter des billets dans la journée, rencontrer des artistes, c’est un lieu qui va être vivant.
Historiquement, pour la première fois à Clermont-Ferrand, il y aura un théâtre ouvert en journée et en soirée il n’y a jamais eu jusqu’à présent un théâtre ouvert dans la journée alors que ce n’est quand même pas un village Clermont-Ferrand. »
Voir cette publication sur Instagram
Une publication partagée par La Comédie de Clermont (@lacomediedeclermont) le
En Vrai : Ça ressemblerait à quoi un monde sans culture ?
Jean-Marc Grangier : « C’est le pays où on n’a pas envie de vivre en tout cas, ça c’est clair !
La culture c’est à la fois une distraction, c’est aussi un enrichissement, ça accompagne les questions que tout le monde se pose, elle contribue à notre plaisir de vivre tout simplement. »
En Vrai : Un mot sur les décisions du Gouvernement ?
Jean-Marc Grangier : « C’est ça qui est inquiétant, c’est qu’effectivement on n’a pas de directives nationales.
Bon maintenant on est passés à l’étape du déconfinement, on va voir ce qu’il va se passer.
Nous qui sommes beaucoup dans l’anticipation de la préparation bien à l’avance de tout, on ne fait pas un spectacle du jour au lendemain, on ne programme pas non plus, les artistes ils ont des calendriers de tournée, il faut qu’ils voyagent, il faut qu’ils s’installent et ça se prévoit le monde du spectacle. C’est quelque chose qui est totalement dans l’anticipation et la préparation.
Aujourd’hui il va falloir prendre une décision : Est-ce que on prend le risque de lancer cette saison, de regarder dans quelles conditions de sécurité pour le public et pour les artistes on peut la présenter ? Ou est-ce qu’au contraire on se dit que l’on attend effectivement d’avoir trouvé le vaccin, qu’on ait trouvé le bon traitement ?
Sachant que l’on sait très bien que ça, ce n’est pas avant 1 an dans le meilleur des cas, ou 2 ans donc qu’est-ce qu’on fait ? »
En Vrai : Qu’est-ce que tu penses de la place de la Culture aujourd’hui ?
Jean-Marc Grangier : « Imaginons le confinement qu’on vient de connaître sans musique, sans livre, sans film, on serait tous à l’asile !
La culture elle est très importante, moi je ne comprends pas pourquoi les librairies ont été fermées, je pense par exemple qu’elles pouvaient très bien continuer à travailler sans problème.
C’est terrible pour les restaurateurs et les bars, ils seront les derniers, mais non ils ne seront pas les derniers puisqu’après eux il y aura la culture. »
En Vrai : Et les artistes dans tout ça ?
Jean-Marc Grangier : « Évidemment on n’a pas protégé du tout les artistes.
J’étais très surpris quand le président de la République a dit : « il faut maintenant que les techniciens et les artistes aillent dans les écoles », mais les élèves n’arrivent même pas à retourner dans les écoles et puis tous les artistes ne sont pas intermittents.
Il y a une réponse qui était apportée aux intermittents, et tant mieux, formidable, mais un écrivain n’a aucun droit, il n’est pas intermittent, un plasticien n’est inscrit nulle part, il n’a aucune protection.
Il y a aussi dans le secteur culturel des gens qui sont encore plus dans la précarité, donc ça manque quand même vraiment de réel et de concret, pour moi la réponse de l’État elle est très faible. »
En Vrai : Tu penses quoi du téléchargement illégal ?
Jean-Marc Grangier : « Ça demande beaucoup de temps pour créer quelque chose à un artiste, souvent à ses risques et périls, puisque rien ne dit que ça va marcher.
C’est des choix de vie qui sont terribles. Quelqu’un qui choisit dans sa vie de faire un parcours d’artiste, là c’est une prise de risque énorme, rien ne dit que ça va marcher.
Donc aller piller le travail de ces gens-là, qui n’ont que ça et qui vouent toute leur vie à ça ce n’est pas joli.
Il faut être plus conscient qu’on n’est pas seul au monde, que c’est pas « moi, moi, moi », c’est moi et les autres, donc c’est pas cool. »
Voir cette publication sur Instagram
Une publication partagée par La Comédie de Clermont (@lacomediedeclermont) le
En Vrai : Tu as toujours rêvé de travailler dans le culturel ?
Jean-Marc Grangier : « Je suis d’une génération où il n’y avait pas toutes les formations pour les métiers culturels, je savais que je voulais travailler dans le secteur culturel, mais je ne savais pas exactement quoi.
J’ai fait des études de cinéma, de littérature contemporaine, j’ai tâtonné un peu de tous les côtés, j’ai été pas très longtemps, mais quand même, 5 ans comédien en me rendant compte très vite que je n’étais pas tout à fait à ma place.
Après je suis passé à la mise en scène, ce n’était pas non plus pour moi extrêmement probant et petit à petit je me suis rendu compte que la programmation c’était un truc absolument génial. »
En Vrai : Un last mot ?
Jean-Marc Grangier : « Je suis vraiment impatient que l’on reparte, j’espère trouver la façon dont on pourra continuer une belle vie culturelle à Clermont-Ferrand ! »